La guerre aux déjections canines aura-t-elle lieu ?

Les déjections canines sont un véritable gouffre financier pour les villes.

À Nice, la Mairie estime qu'elle débourse 2 800 000 FF par an pour nettoyer les trottoirs ; 9 tonnes de déjections sont collectées chaque jour par les 12 motocrottes et par 20 agents qui sillonnent la ville. C'est un vrai fléau à Nice estime Jean-Christophe PICARD, président du Comité de quartier de Baumettes :

« C'est vrai qu'à Nice, il y a énormément de personnes âgées qui ont des chiens. Nous sommes donc particulièrement touchés par les déjections canines qui ne sont pas sanctionnées. Les personnes âgées sont des électeurs qui vont souvent voter et donc, on essaye de se préserver cette partie de l'électorat. Mais je trouve dommage, alors que l'on prône la tolérance zéro, que l'on tolère ce type d'agissement. C'est un vrai problème : à la fois pour les niçois mais aussi pour les touristes qui se plaignent énormément de la saleté de Nice et notamment des déjections canines parce qu'ils sont beaucoup moins habitués que nous à regarder où ils marchent... Cela ternie quand même un peu l'image de Nice ! »

La Ville de Nice a déclaré la guerre aux crottes de chiens il y a plus de 30 ans : un arrêté municipal datant du 24 janvier 1970 interdit, en effet, de laisser déposer sur les trottoirs, dans les squares, les jardins, etc., les déjections des animaux. Elles sont tolérées, en revanche, dans les caniveaux. Une infraction passible d'une amende maximale de 3 000 FF. Problème : cet arrêté n'est pas appliqué et les infortunes succèdent aux glissages, voir aux accidents... La faute à qui ? « C'est pas nous ! » répondent les niçois ! [...]

Chaque jour, 9 tonnes de déjections canines sont collectées à Nice pour une population estimée à 30 000 chiens. 20 agents sont mobilisés et 12 motocrottes sillonnent la Ville. Par ailleurs, une quinzaine de distributeurs de sachets sont installés depuis 1998 dans différents jardins du centre-ville, soit environ 15 000 sachets distribués tous les ans. Le coût de fonctionnement, pour la lutte contre la pollution canine, est évalué à 2 800 000 FF.

Un reportage d'Eric Le BIHAN.

Si vous êtes concerné, n'hésitez pas à nous appeler pour nous exposer vos problèmes et, ensuite, pour évoquer quelques solutions... L'antenne est à vous !

Et on commence ce matin, avec Jean-Christophe PICARD, de Nice... Bonjour !

« Oui, Bonjour. »

Alors, vous intervenez en tant que président du Comité de quartier des Baumettes, à Nice. Vous êtes complètement mobilisé dans la lutte conte justement ces déjections canines. Alors, qu'est que vous constatez au quotidien ?

« Au quotidien, hélas, on ne peut que constater le relâchement des services de le Mairie qui ne s'occupent pas de ce problème. On se moque beaucoup des comités de quartier en disant que nous nous occupons que des crottes de chien mais, en l'occurrence, nous nous en occupons ! Et on explique aux pouvoirs publics qu'il faudrait peut-être appliquer la réglementation.  »

Alors, la réglementation, on l'a vu dans ce reportage : 3 000 FF d'amende pour tout contrevenant, c'est-à-dire que si on laisse une déjection canine de son animal sur le trottoir, on est passible de cette amende. Vous qui travaillez sur ce dossier, vous constatez régulièrement des amendes ou des sanctions ?

« Non, non, il n'y a jamais eu aucune amende à Nice... »

Jamais eu ?

« Jamais eu ! Et c'est d'autant plus dommage que la réglementation - comme vous l'avez dit -  est assez souple : on n'interdit pas les déjections canines... on les interdit juste sur les trottoirs et on les autorise dans les caniveaux. La réglementation est donc tout à fait applicable pour les propriétaires de chiens. De plus, le montant de l'amende est dissuasif. Donc, il faudrait juste, de temps en temps, mettre quelques petites amendes pour que la réglementation soit respectée. Le but n'est pas de faire payer les propriétaires de chiens mais de dissuader. Il faudrait mettre 1 000 FF pour la première infraction et 3 000 FF s'il y a récidive ; cela permettrait de sensibiliser les gens sur la question. Mais il faudrait commencer par expliquer cette réglementation pour montrer qu'elle est vraiment peu contraignante. »

Elle est très simple, comme vous le rappelez : toute personne prise en flagrant délit - car il faut qu'il y ait constatation par un agent municipal - est passible de cette amende de 3 000 FF. Alors, vous dites que la Municipalité ne fait rien, mais j'ai quand même même les chiffres : 2 800 000 FF par an de nettoyage - c'est le coût de ces déjections canines - ce n'est pas rien ! Vous pensez que ce n'est pas suffisant ?

« Nettoyer, c'est une chose, mais si l'on ne met pas d'amende, cela revient à autoriser les gens à salir les trottoirs et donc... il vont continuer à les salir ! Il faut nettoyer, c'est vrai, mais il faut aussi veiller à ce que les déjections canines soit faites dans le caniveau, c'est quand même le plus simple car en peut pas nettoyer toutes les demi-heures non plus ! Et donc, si les trottoirs sont sales, ils resteront plusieurs heures sales. Il faut impérativement sensibiliser les gens... même si l'on doit pour cela mettre quelques amendes.  »

Voilà, on a bien compris l'essentiel de votre message : mieux vaut prévenir que guérir ou... nettoyer ! Merci beaucoup Jean-Christophe PICARD...