Le Café de la démocratie prend
l'air
À l'occasion de la
présentation, au Forum de l'Urbanisme et de l'Architecture, place Pierre
Gauthier, du 21 juin au 18 juillet, des quatre projets de nouvelle mairie et de réaménagement du
quartier Malausséna-Libération, l'A.D.N. a organisé, mercredi
11 juin, un Café de la démocratie dans le jardin de la Villa Thiole, invitant les
riverains a venir discuter des projets municipaux et des implications pour le
quartier et pour la ville.
Comme l'a souligné Jacques
VICTOR, conseiller général de Nice, on peut d'ailleurs regretter que cette présentation se
fasse dans le Vieux-Nice plutôt qu'a la mairie annexe.
Jean-Christophe PICARD, président
de comité de quartier et juriste, a ouvert le débat en précisant que ce projet
allait à l'encontre des orientations nationales visant la création de mairies de quartier
plutôt que la centralisation des services municipaux.
Invité par
l'A.D.N., l'architecte
Serge LEDERMAN a qualifié ce projet d'anti-urbain, dénonçant le grand bloc prévu
pour loger les fonctionnaires, en contradiction totale avec une règle
d'urbanisme qui a fait ses preuves : que ce soit au plan du quartier ou même
d'un immeuble, l'idéal est le panachage, soit 60 % de l'espace réservé au
logement, 20 % à des activités professionnelles et commerciales, et 20 % à des
équipements publics.
Beaucoup se
sont ci ailleurs prononcés contre le cinéma multiplexe qu'on voudrait faire passer
justement pour un équipement de quartier.
Les Niçois du quartier présents, tous
âges confondus, veulent conserver le jardin, la gare du Sud et le marché, et ils se sont déjà
manifestés à ce propos par la signature de pétitions. Certains, rencontrés sur le marché mais absents
de notre réunion, étaient très favorables à la construction de la nouvelle mairie car « cela permettrait un nettoyage du quartier ». Un quartier organisé autour de la gare du Sud, comme
le rappelait Pierrot le jardinier, puisque les maraîchers empruntaient le train des Pignes pour alimenter le
marché.
Divers intervenants ont exprimé leur
effroi à la perspective de l'augmentation des voies de circulation automobile, et donc du nombre de véhicules qui
les emprunteront, générant une pollution atmosphérique et sonore accrue.
Des montants très variables ont été
mentionnés par les divers locuteurs –
la mairie seule reviendrait à 1 milliard de Francs –
et je n'ai pu m'empêcher devoir de l'ironie dans le fait que le budget, quel qu'il soit, dévolu à la
construction de celte mairie de mégalomaniaque priverait le tramway de sa deuxième ligne.
En résumé, et malheureusement en
l'absence de tout point de vue contradictoire puisque personne n'a pris la parole pour défendre la nouvelle
mairie, on nous propose des projets qui ne sont pas prioritaires, avec un bunker et
des tours de 60 mètres, une grande mairie qui n'accueillerait au mieux qu'un tiers de ses services, la défiguration d'un quartier niçois qui avait
encore son identité.
Christine P. HUFALAR